Il suffit de jeter un œil au rapport d’activité 2023 de la CNIL pour connaître la tendance : le nombre de plaintes pour non-respect des données personnelles a encore grimpé. Et à chaque nouvelle affaire, la question revient en boucle : « Mais comment en est-on arrivé là ? ». Sachant que chaque internaute devient de plus en plus pointilleux sur l’usage de ses informations, faire semblant d’ignorer le RGPD relève carrément du suicide corporate. Mais pourtant…
Et qui se retrouve au milieu de tout ce bordel bazar à essayer tant bien que mal de mettre un peu d’ordre dans les entreprises ? Le DPO (Data Protection Officer).
Pourquoi, au juste, la gestion des données personnelles est-elle un enjeu stratégique ?
La réponse tient en un mot : confiance. Un client dont les données fuitent, c’est un client qui se demande si vous n’avez pas croisé les bras pendant que des hackers faisaient la foire dans votre système. Plus globalement :
- Conformité RGPD : on ne parle pas d’une petite recommandation sympa, mais bien d’un règlement contraignant. Les amendes peuvent grimper jusqu’à 4 % du CA (moyenne mondiale). On a connu plus réjouissant.
- Cybersécurité : on vit une période où il suffit d’une opération de phishing pour mettre KO tout un SI. Les données persos attirent les convoitises. Si on ne blinde la maison, gare aux mauvaises surprises…
- Réputation : une faille de sécurité qui s’ébruite et c’est la confiance envers votre entreprise qui en prend un coup. Pire, pour les grands groupes : les réseaux sociaux s’enflamment, la presse s’en mêle, et vous voilà affiché.
En clair, ignorer la gestion des données personnelles, c’est se tirer une balle dans le pied… tout en demandant à quelqu’un de publier la vidéo sur YouTube. Mauvaise idée.
Les risques liés à une mauvaise gestion des données personnelles
Amendes et sanctions
Dites adieu à votre budget innovation si la CNIL vous colle une amende de l’espace. Plusieurs entreprises en ont déjà fait l’expérience, et pas forcément les plus petites. De quoi ruiner un plan de développement sur plusieurs années.
Fuites de données
Vous vous rappelez de ces failles massives où des millions d’emails, de mots de passe, d’infos bancaires se sont récemment retrouvés sur le Dark Web ? L’impact financier, la perte de crédibilité… c’est la double peine. Personne n’a envie d’expliquer à un client que son numéro de carte est en libre-service dans un forum douteux.
Impact sur la confiance
Même si l’enchainement des cas fait que l’on oublie plus vite vos déboires, il n’en reste pas moins difficile de convaincre un partenaire ou un prospect de vous confier des infos stratégiques si vous traînez une casserole de type « méga-leak de données ». Sur des marchés ultra-concurrentiels, la confiance se mérite, et la transparence sur la protection des données en fait partie…
Le rôle clé du DPO (Data Protection Officer)
Et donc le DPO dans tout ça ? Eh bien c’est un peu le gardien du temple. Celui ou celle qui vérifie que l’entreprise ne fait pas n’importe quoi avec les données qu’elle récolte.
Ses missions en (très) résumé :
- Interface avec les autorités : Si la CNIL débarque, c’est souvent vers le DPO qu’elle se tourne pour avoir des explications.
- Conseil stratégique : Le DPO n’est pas juste là pour casser les pieds de la direction, il peut proposer des solutions concrètes pour concilier business et respect de la vie privée.
- Documentation et suivi : Registre des traitements, analyses d’impact, plan de remédiation… le DPO s’assure que tout est carré.
- Sensibilisation : Un DPO efficace sait parler aux équipes métiers, aux devs, à la direction, pour qu’ils intègrent la démarche « privacy by design ».
Bref, c’est à la fois un juriste, un tech, un fin diplomate et un des garants de la sobriété numérique. Rien que ça.
Former un DPO en interne : un choix gagnant
Certaines boîtes préfèrent externaliser la fonction DPO. Ok, pourquoi pas. Mais miser sur un DPO en interne présente quand même de sacrés avantages.
Premièrement un salarié connaît les rouages de la maison, les process, la culture. Il n’a pas besoin de trois mois pour comprendre qui fait quoi.
Niveau disponibilité, inutile de prendre rendez-vous ou de négocier un contrat de consulting si un imprévu survient. Le DPO interne est là, sur place, prêt à intervenir.
Et enfin son appropriation est facilitée. La protection des données devient une valeur intégrée à la culture d’entreprise, et pas un simple service externalisé qu’on appelle en dernier recours.
Évidemment, ça requiert de trouver ou de former la perle rare. Mais le jeu en vaut la chandelle : avoir un référent interne compétent, c’est un atout considérable pour gérer en continu la conformité et la sécurité.
Les formations indispensables pour un DPO efficace
Comme un Jedi, on ne naît pas DPO, on le devient. Pour assumer le rôle, voici les axes de formation incontournables :
Aspects juridiques
- Le RGPD, dans ses moindres recoins ;
- Les lois internationales sur la protection des données (ePrivacy, etc.) ;
- Le fonctionnement et les attentes des régulateurs, histoire de ne pas être pris de court.
Compétences techniques
- Comprendre l’architecture d’un SI (serveurs, bases de données, API) pour identifier les points de vulnérabilité potentiels ;
- Sécurité des flux, gestion des accès, cryptographie… un minimum pour parler le même langage que la DSI (quitte à les embêter, autant ne pas passer pour un noob) ;
- Connaissance des process de gestion des incidents (data breach, notifications, etc.).
Organisation et communication
- Capacités de gestion de projets : animer des réunions, planifier des plans d’action, faire du reporting clair aux dirigeants ;
- Soft skills : négociation, pédagogie, écoute. Rien de pire qu’un DPO qui se met tout le monde à dos en jouant le rôle du « policier intraitable » ;
En gros, un mix entre le juriste, le chef de projet, le technicien, et le coach. Ça peut sembler costaud, mais c’est un métier passionnant pour qui aime la transversalité.
D’ailleurs si vous souhaitez creuser le sujet, le cabinet Fidens spécialiste des sujets du RGPD propose d’ailleurs une formation pour les DPO.